https://www.telerama.fr/medias/dans-la-presse-feminine,-les-cliches-sexistes-pulverisent-lepreuve-du-confinement,n6621069.php
FEMMES ET CONFINEMENT
Onglets principaux
Onglets secondaires
Nous avons abordé ce thème "Femmes et confinement" sous différents sous-thèmes qui pourraient bien évidemment être élargis et approfondis. N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques/compléments/propositions, nous les incluerons avec plaisir.
Introduction
L'épidémie de Covid 10 et le confinement de mars à mai 2020 qui en a résulté a impacté plus ou moins directement et violemment la population. Si certains en ont tiré un bénéfice évident (voir les multi-milliardaires) la majorité en a souffert, économiquement, émotionnellement, physiquement. Nous nous intéressons ici aux femmes ce qui ne veut bien évidemment pas dire que les hommes n'ont pas été touchés ou qu'ils n'ont pas participé par leur travail, leur présence, aux efforts exigés par la pandémie et les politiques publiques.
A la maison
A la maison, l'essentiel des charges domestiques et du temps consacré aux enfants est assuré par les femmes en temps "normal". Il existe en effet de vieilles croyances concernant la vocation et le talent "naturel" des femmes à lessiver les sols, nettoyer les toilettes, repasser le linge, cuisiner etc... ainsi que celle, innée, des femmes à prendre soin des enfants. Cette répartition questionne aussi le rôle "subalterne" occupé par les hommes au sein des foyers ainsi que la définition de la paternité qui serait plus de l'ordre de la responsabilité que de la prise en charge concrète. Il serait intéressant de voir comment les répartitions des tâches se sont effectuées dans les couples non-hétérosexuels où les stéréotypes genrés traditionnels sont moins prégnants.
Durant le confinement, il a donc fallu, en plus, organiser le travail scolaire des enfants et le temps hors temps scolaire avec des sorties très limitées, le télétravail (quand cela était possible, de nombreuses femmes ont continué à aller travailler), les repas supplémentaires (plus de cantine), un surcroit de tâches ménagères, etc. L'espace de la maison a du être réparti pour offrir deux espaces de télétravail quand il y avait deux parents, et des espaces pour les enfants (non abordé ici, il y a bien sûr la question de la capacité des ménages à avoir plusieurs ordinateurs pour suivre les cours des enfants et télétravailler...). Par ailleurs, le salaire le plus important étant dans la majorité des cas celui de l'homme, son travail a été privilégié, les congés pour garde d'enfants ont essentiellement été pris par les femmes.
Il y a par ailleurs de nombreuses mères célibataires ou de femmes séparées qui se sont sont retrouvées seules à tout organiser.
Notons toutefois que dans les différents sondages cités plus bas, il existe une différence de perception entre les femmes et les hommes quant au partage des tâches, les hommes par exemple ont eu tendance à considérer qu'ils participaient autant que les femmes. Cela est sans doute à rapporter au fait d'en faire PLUS que d'habitude, de passer plus de temps isolé lors du télétravail donc sans visibilité du travail effectué par l'autre membre du couple parental et du fait, non négligeable, que la charge mentale est totalement du côté des mères (car avant de faire il faut penser, envisager, anticiper, organiser, répartir, etc...).
Bien sûr, il existe des couples où la parité existe, et même où c'est l'homme, le père, qui prend le plus en charge le travail domestique et familial. Nous parlons ici de majorité.
Nous regrettons de ne pas avoir d'informations sur les couples non hétérosexuels, il semble qu'ils n'intéressent pas les sondeurs et les journalistes. Ce sont pourtant d'autres modèles familiaux qu'il est nécessaire d'inclure à nos études
"... cette période de confinement met en lumière, avec une acuité inégalée, la place, les rôles et le traitement des femmes dans notre société. Jamais, un tel laboratoire des rôles sociaux de sexe n’a permis de révéler aussi clairement les différences, voire les inégalités qui régissent les relations entre les femmes et les hommes dans notre pays et dans le monde...
"https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/actualites/article/le-confinement-un-revelateur-des-roles-sociaux-des-femmes-et-des-hommes"Cinq. Pendant les deux mois et demi qu’a duré le confinement, cinq charges ont pesé sur les femmes dans le cadre du foyer. La charge domestique qu’elles assurent toujours à 75% des tâches et alourdie ici par les trois repas quotidiens, la charge mentale qui a consisté à anticiper et à organiser l’agenda familial en mode confiné, la charge parentale, dont la mission de l’école à la maison a été majoritairement assumée par les mères, la charge professionnelle via le télétravail et enfin la charge émotionnelle, c’est-à-dire le souci «proprement féminin» du bien-être psychique de l’entourage"
https://www.letemps.ch/societe/camille-froidevauxmetterie-confinement-creuse-inegalites-entre-hommes-femmes
"Car une chose est claire : la situation de crise actuelle ne fait nullement vaciller les deux piliers idéologiques des sociétés libérales, et allègrement reconduits par les magazines féminins, que sont la « productivité » et « l’efficacité ». Des injonctions que les magazines appliquent au travail professionnel, mais également au travail domestique, renforçant ainsi les carcans sociaux et genrés, tout en prétendant fournir aux femmes des « clés » et des « conseils » pour les comprendre, voire, chez certains, les dépasser… Sans oublier les biais de classe, omniprésents. Ces derniers laissent dans l’angle-mort les travailleuses des classes populaires et témoignent du cercle socio-économique restreint dans lequel évoluent les journalistes. En définitive, les articles « journalistiques » se proposant d’analyser voire de s’affranchir de ces injonctions sont rares, souvent noyés dans le flux publi-rédactionnel que produisent les magazines au nom de la machine à clic."
https://www.acrimed.org/Sois-belle-Garde-la-ligne-Travaille-Eduque-Les-6162
Sur le partage des tâches domestiques, voir
https://jean-jaures.org/nos-productions/l-inegale-repartition-des-taches-menageres-ou-la-persistance-d-un-privilege-de-genre
Télétravail
En préambule, il semble important de noter que le télétravail s'est adressé en priorité à des cadres et que les ouvrier.re.s et les employé.e.s ont bien souvent été mis en chômage technique d'où une perte de revenus.
Un sondage de l'Institut National d'Etudes Démographiques (1) montre que le télétravail révèle de nombreuses inégalités au sein des foyers :
"Télétravail : les femmes peuvent moins s'isoler que les hommes. Parmi les femmes qui ont travaillé à distance pendant le confinement, 42 % devaient le faire dans une pièce partagée, contre 26 % des hommes." ...
"... En moyenne, un quart des femmes télétravaillaient dans une pièce où elles pouvaient s’isoler contre 41 % des hommes. Chez les cadres, cet écart se creuse : 29 % des femmes disposaient d’une pièce spécifiquement consacrée au travail, contre 47 % des hommes. « Les femmes sont les grandes perdantes du confinement, tant sur le marché du travail que dans la sphère domestique, après cinquante ans d’avancées », résume Anne Lambert, responsable de l’unité de recherche Logement, inégalités spatiales et trajectoires, à l’INED.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/07/09/l-accroissement-des-inegalites-femmes-hommes-pendant-le-confinement-en-graphiques_6045739_4355770.html"De plus, d’après l’enquête Acemo-Covid de la Dares d’avril 2020, pendant le confinement, à situation égale d’accès au télétravail, ce sont en majorité les femmes (70 %) qui ont pris un congé maladie pour garde d’enfant."
https://theconversation.com/travailler-au-temps-du-covid-19-les-inegalites-femmes-hommes-en-chiffres-140589«Parce qu'ils gagnent plus, ont plus de responsabilité en moyenne, leur travail sera considéré plus important que le reste, résume Marie Becker. Dans un foyer où la femme est à temps partiel ou a l'habitude de prendre tout en charge et l'homme à temps plein, dans un rôle de breadwinner [gagne-pain], il se peut que rien ne change. Les mêmes schémas se remettront en place: madame va faire les courses, occuper les enfants et faire la cuisine tout en travaillant pour que monsieur puisse continuer à travailler dans de bonnes conditions.»
http://www.slate.fr/story/189051/confinement-egalite-femmes-hommes-foyer-partage-taches-parentales-domestiques
Voir aussi les recommandations des magazines féminins sur le travail professionnel et domestique :
https://www.acrimed.org/Sois-belle-Garde-la-ligne-Travaille-Eduque-Les-6162
Tâches ménagères, enfants
(enquête YouGov réalisée ces 21 et 22 avril) :
- S'occuper du linge A la première place du classement, la corvée de lessive. Depuis le confinement, 81% des femmes disent se charger le plus souvent de laver le linge lessive contre seulement 22% des hommes.
- Ranger et nettoyer Le ménage arrive à la deuxième place des tâches les plus prises en charges par les femmes. Elles sont, selon elles, 71% à récurer le domicile conjugal, contre 26% des hommes.
- Préparer le repas La cuisine ne semble pas être la tasse de thé de la gent masculine. Les recettes quotidiennes sont les plus souvent élaborées par les femmes (70%), bien que 36% des hommes s'y attèlent, selon leurs déclarations respectives.
- Faire la vaisselle Laver assiettes et couverts est finalement la tâche la plus équitablement répartie au sein des couples. Cependant, un large écart existe encore entre les genres : 59% des femmes disent s'en charger les plus souvent, contre seulement 39% des hommes."
https://www.femina.fr/article/voici-le-top-4-des-taches-menageres-que-les-femmes-prennent-plus-en-charge-que-les-hommes
"Pour près de la moitié de ces mères qui ont continué à travailler, c’est environ quatre heures supplémentaires par jour à s’occuper des enfants (mais pour un quart seulement des pères)"....
« Contrairement aux hommes, qui sont parvenus à imposer qu’il ne faut pas les déranger pendant une partie de la journée, les femmes, qui ont la charge des relations au sein de la famille, ne cloisonnent pas. Elles doivent rester disponibles », analyse le sociologue François de Singly
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/07/09/l-accroissement-des-inegalites-femmes-hommes-pendant-le-confinement-en-graphiques_6045739_4355770.html"Sur les devoirs des enfants, la distorsion de perception que montre ce sondage est intéressante : 56 % des femmes disent qu'elles organisent principalement le travail des enfants, mais les hommes, eux, pensent que la répartition est égalitaire. En réalité, souvent les mères organisent l'agenda, se connectent aux sites, impriment ou recopient les documents nécessaires, corrigent avec les enfants, téléphonent à la maîtresse… Et les pères interviennent sur telle ou telle matière spécifique. Ce sont évidemment des statistiques et des moyennes, il y a des cas minoritaires de couples dans lesquels l'homme fait presque tout, et de couples égalitaires, heureusement. Il y a aussi du positif : d'anciennes études ont montré que seuls 10 % des hommes s'impliquaient habituellement dans les devoirs de leurs enfants. Cela montre clairement que certains ont pris de nouvelles habitudes, en redistribuant les tâches, en s'impliquant davantage pendant le confinement."
https://www.lepoint.fr/politique/exclusif-marlene-schiappa-les-femmes-et-les-hommes-ne-vivent-pas-le-meme-confinement-15-04-2020-2371613_20.php#"Au fil des articles, on perçoit parfois combien le confinement réactive, chez les magazines féminins, l’imaginaire rétrograde de la « ménagère parfaite »… Et que les magazines trouvent là un terrain éditorial très fertile ! Car une nouvelle fois, les préoccupations des rédactrices renvoient les lectrices à un « champ des possibles » fort restreint. « Garde des enfants, télétravail, gestion du quotidien, nos conseils pour survivre au confinement », résume ainsi Madame Figaro. Et de poursuivre : « Fixez-vous un emploi du temps (travail, gestion de la maison et des enfants) afin de gagner en efficacité ». Ou encore : « Courses, préparation, ménage : mettez les enfants à contribution afin de les responsabiliser et les occuper ». Voilà ce que l’hebdomadaire attend globalement des femmes en cette période de confinement !"
https://www.acrimed.org/Sois-belle-Garde-la-ligne-Travaille-Eduque-Les-6162
La sociologue Julie Latour a mené une enquête étudiant l’impact du télétravail sur la répartition des tâches au sein des couples en France, en Suède et en Suisse
(hors confinement) :
" Comment l’organisation domestique des familles françaises évolue-t-elle ?
- La France, et on ne s’y attendait pas, est très à la traîne. L’Hexagone est le règne des « hommes d’appoint », ces pères qui interviennent uniquement en cas de défaillance féminine. Le télétravail des hommes ne remet pas en cause l’organisation des tâches domestiques et parentales : les pères secondent leurs compagnes, bien sûr, mais seulement lorsqu’elles ont une difficulté. Les femmes, même quand elles travaillent à l’extérieur, continuent à assumer l’essentiel de la logistique familiale. Et la charge mentale qui va avec."
Travail (à l'extérieur)
L'invisibilité du travail féminin a explosé durant le confinement; tout le monde a enfin pu constater combien la société se repose sur les femmes, alors qu'elles ont des emplois sous payés, bien souvent occupés par des femmes racisées. Les femmes ont donc permis que "la vie continue" en prenant des risques pour leur santé et pour des salaires de misère (les éboueurs ont, de la même façon, obtenu une forme de reconnaissance... éphémère).
"Mais il est des domaines moins directement visibles et pourtant extrêmement révélateurs de la construction de notre modèle social : les personnes qui assurent aujourd’hui majoritairement la survie quotidienne de notre pays en termes de santé, en contact direct avec les malades, que ce soit les infirmièr.es, les aides soignant.es ou le personnel assurant la restauration ou le ménage, à l’hôpital ou dans les EPHAD, ce sont des femmes...... Les personnes qui permettent aujourd’hui majoritairement que l’accès aux denrées alimentaires et aux biens de première nécessité soit possible, en tant que caissières dans les supermarchés ou dans les magasins de détail, en contact direct avec le public, ce sont des femmes
https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/actualites/article/le-confinement-un-revelateur-des-roles-sociaux-des-femmes-et-des-hommes"La déconsidération du féminin, nous la retrouvons dans l’organisation même du travail, qui dévalorise les métiers hautement féminisés du care (métiers du soin, du service à la personne, de l’éducation, de l’accueil). La crise sanitaire a pourtant montré que ces métiers, sous-payés, plus exposés, souvent précaires, sont parmi ceux qui font tenir et avancer la société. Rappelons que les femmes racisées ont été particulièrement touchées par la crise sanitaire : elles sont nombreuses à occuper ces emplois, beaucoup ont continué à se rendre sur leur lieu de travail en manquant de protections sanitaires, ont perdu des sources de revenu voire se sont retrouvées sans ressources."
http://osezlefeminisme.fr/fete-des-meres-covid/"Pendant cette crise sanitaire, on a vu que les salariés de la première ligne, étaient souvent des salariées, ça a peut être rendu plus visible tout un pan du travail féminin ?
Oui, les infirmières sont à 87% des femmes, les aides-soignantes à 91%, les aides ménagères à 97% et les caissières à 76%. Donc, on est vraiment dans des métiers très féminisés. Et à partir du moment où ce sont des métiers qui sont essentiels à la société, - comme éduquer, soigner, assister, nettoyer ou servir -, ce sont des femmes qui le font. Ce sont des métiers dont on n'a pas pu se passer pendant la pandémie. Elles ont assuré alors qu'elles étaient en première ligne. Malheureusement, ce sont des métiers qui sont largement sous-payés et sous valorisés..."
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/confinement-les-femmes-connaissaient-la-double-journee-de-travail-et-maintenant-on-doit-cumuler-avec-l-ecole-a-la-maison-avertit-l-association-osez-le-feminisme_3948619.html
"Pourquoi ces métiers sont-ils si peu rémunérés?
En partie parce qu’on estime que les femmes sont «naturellement» disposées à prendre soin des autres. Possédant les aptitudes propres à ces fonctions qui ne nécessiteraient pas de compétences spécifiques, elles sont dévalorisées. Par ailleurs, pour les plus précaires, il est très difficile de défendre leur cause ou alors au risque de perdre leur emploi. Voilà pourquoi il faut un «agenda féministe de sortie de crise», réclamant que les salaires de ces professions soient revus à la hausse, car les primes aux soignants et aux caissières ne suffiront pas...
https://www.letemps.ch/societe/camille-froidevauxmetterie-confinement-creuse-inegalites-entre-hommes-femmes
Violences
Les violences masculines à l'égard des femmes n'ont pas attendu le confinement pour se manifester mais celui-ci en a encore augmenté le nombre, loin des regards (de même pour les enfants victimes de violences parentales). Promiscuité obligée, partage non stop de l'espace domestique souvent réduit, sans possibilité d'évasion, de nombreuses femmes ont vécu un véritable calvaire, le confinement étant devenu une arme supplémentaire au service des conjoints violents (et pères, reproduisant la même violence sur leurs enfants).
Quelles sont ces violences ?
"Ces violences peuvent prendre des formes très diverses :
- violences domestiques (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) ;
- harcèlement ou agression sexuelle (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyber-harcèlement) ;
- mariage précoce et forcé ;
- mutilation génitale féminine ;
- trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle).
Ces violences constituent la manifestation la plus aiguë de l’inégalité femme-homme. La déclaration des Nations Unies les lie explicitement à la domination des hommes et à la subordination des femmes."
Rappelons qu'en 2019 :
- 146 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire
- 27 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire
- 25 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.
- En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 femmes.
L’auteur de ces violences est le mari, le concubin, le pacsé, le petit-ami, ancien ou actuel, cohabitant ou non.
- En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol est estimé à 94 000 femmes. De la même manière que pour les chiffres des violences au sein du couple présentés ci-dessus, il s’agit d’une estimation minimale.
Source: https://arretonslesviolences.gouv.fr/je-suis-professionnel/chiffres-de-reference-violences-faites-aux-femmes#lobservatoire_national_des_violences_faites_aux_femmes1
"... les violences conjugales et intrafamiliales ont augmenté pendant le confinement. Les forces de l’ordre ont effectué 44 % d’interventions en plus pour différends familiaux par rapport à la même période en 2019... Même constat pour le 3919, le numéro d’appel gratuit et anonyme contre les violences conjugales : "Nous n’avons jamais reçu autant d’appels que pendant le confinement" affirme Françoise Brié, qui gère ce numéro et dirige la fédération Solidarité Femmes qui l’a fondé. "Parmi les appels reçus, 5 200 ont concerné des violences conjugales, c’est deux fois plus que l’an dernier"
"...le confinement aide à prendre conscience de ce que vivent jour après jour les victimes de violences : comme l’ont indiqué des experts entendus par la délégation, les week-ends sont comparables à des « mini-confinements » ; le confinement « est la triste situation de femmes qui vivent dans la camisole de force de l’emprise psychologique […] qui les maintient sous le joug d’un agresseur ».
En d’autres termes, les femmes et les enfants qui vivent dans des foyers violents sont confrontés à un confinement sans fin "...
(source : https://www.senat.fr/rap/r19-597/r19-597-syn.pdf)
Le harcèlement en ligne fait partie des violences condamnées par la loi, là encore le confinement en a augmenté le nombre, notamment à travers le cyberharcèlement. Les harceleurs ont plus de temps et les victimes sont, de fait, isolées. Des facteurs agravants même si certain.e.s se sont regroupé.e.s pour lutter contre et dénoncer les cyberharceleurs.
"Les comptes « fisha », ou « d’affiche » – pour « afficher » les jeunes filles jugées « faciles » ou, plus rarement, les garçons infidèles ou homosexuels, ne sont pas une nouveauté...
... Mais ces dernières semaines, des dizaines de nouveaux comptes sont apparus. « Nous avons très nettement vu cette thématique resurgir depuis le confinement, explique Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance...
... La plupart des comptes, majoritairement hébergés sur Snapchat, fonctionnent de la même manière, avec « une publication tous les jours à 20 heures, avec des photos, le nom, le prénom, parfois le numéro de téléphone de la jeune fille. Parfois, ce sont des contenus qui ne sont pas des images de la victime, c’est une mise en scène ; mais ça peut aussi être du revenge porn, des clichés échangés dans le cadre d’une relation, et que le receveur diffuse à un tiers qui en fait une affiche ». Le retour des comptes « fisha » s’est aussi accompagné d’une hausse des tentatives de « sextorsion », ou de chantage aux images intimes, note Netécoute..."
Le corps
Durant ce confinement, outre les tâches obligatoires à accomplir qui prennaient déjà un temps fou, nous avons été encouragé.e.s mais aussi parfois enjoint.e.s à ne pas nous laisser aller (faire du sport, manger SAIN, se mettre au yoga, à la méditation,...), nous cultiver (apprendre une langue étrangère, découvrir des musées, des opéras, des cours en ligne, des mooc, des films,...) et aussi bien sûr, pour les femmes, rester sexy et jolie (attention à ne pas grossir, ne pas trainer en jogging , comment rester belle lors des réunions zoom, etc.). La femme doit rester désirable à tous prix (du moins au sein des couples hétérosexuels).
Par exemple :
"Confinement : trois erreurs qui enlaidissent lors d'une conversation vidéo" (Femme Actuelle, 24 mars 2020)
"Visioconférence: 5 conseils pour être au top sur Zoom, Teams, Skype etc." (ELLE.27/03/2020)
« Faites des courses intelligentes ! Le confinement risque de durer, il est donc fondamental de faire siens ces dix préceptes qui vous permettront de sortir de cette période en rentrant encore dans votre jean préféré. Go ! » (BIBA 19/03/2020)
"Comment ne pas prendre 3 kg (voire plus) pendant la crise du coronavirus?" (GRAZIA, 18/03/2020)
"On vous conseille de mâcher 15 à 20 fois environ par bouchée pour allonger le temps du repas. […] Pendant la crise, il faudra prouver que votre volonté est parée à toute épreuve." (MARIE FRANCE 19/03/2020)
"À l’annonce du confinement, il ne m’a pas fallu longtemps pour envisager le pire… Moi, 3 mois après le début du confinement, [...] grasse à force de bouffer du Nutella à la petite cuillère, et particulièrement mal coiffée. […] En bref, ne néglige pas ce que tu mets dans ton assiette, ça ne ferait qu’augmenter ton impression d’être une vieille éponge moisie." (MadmoiZelle, 24 mars 2020)"Le tout, c’est de faire bouger son corps pour lui éviter de prendre une consistance proche de celle du flan au bout de quelques jours " (MadmoiZelle, 24 mars 2020)
"Malgré la crise actuelle, la presse féminine ne s’adapte pas. La couverture de cette crise est le signe du fossé qui se crée de plus en plus entre le grand public et ces magazines. Ils sont en décalage complet avec la vérité du confinement de la majorité des gens. C’est une presse prisonnière de son propre discours, qui s’adresse à une classe sociale privilégiée » (Claire Blandin)
https://www.telerama.fr/medias/dans-la-presse-feminine,-les-cliches-sexistes-pulverisent-lepreuve-du-confinement,n6621069.php
A l'opposé, le confinement a permis à de nombreuses femmes de relâcher la pression qu'elles mettent sur leurs corps et sur l'apparence pour découvrir les bienfaits du confort, du bien-être, de mieux comprendre combien les impératifs dictés par la société sont en inadéquation avec leurs ressentis. C'est pourquoi de nombreuses femmes ont cessé de s'épiler, de se teindre les cheveux, de porter un soutien-gorge, de porter des pantalons serrés et des talons démesurés etc... L'occasion de se réapproprier son corps loin de la sexualisation des regards, des comportements, des normes.
"Dans leur grande majorité, les corps féminins sortent donc épuisés du confinement. Mais certains se sont plutôt épanouis, dites-vous…
On a en effet repéré quelques aspects positifs, notamment en ce qui concerne la possibilité donnée aux femmes de s’affranchir des regards extérieurs. Certaines ont cessé de porter des talons, de se maquiller, de faire des brushings ou de s’épiler, se libérant ainsi de ces injonctions esthétiques. D’autres se sont débarrassées de leur soutien-gorge. C’est le cas, en France, de 20% des femmes de 18 à 25 ans, ce qui ne m’étonne pas au regard de l’enquête que j’ai menée..."
https://www.letemps.ch/societe/camille-froidevauxmetterie-confinement-creuse-inegalites-entre-hommes-femmes"Le confinement a produit quelque chose d’inédit : l’expérimentation d’une liberté nouvelle par rapport au corps. Puisqu’elles ne sortent plus, les femmes sont débarrassées du regard extérieur qui pèse sur leurs corps. Rappelons que lorsqu’une femme se prépare à sortir, elle sait qu’elle sera jugée, évaluée, convoitée, voire agressée. Depuis l’aube des temps, les femmes ont intégré le fait d’être scrutées quand elles apparaissent dans l’espace public, elles ont appris à vivre avec ce souci permanent de l’apparence. Très soudainement, le confinement les a débarrassées de ces injonctions esthétiques, elles sont donc nombreuses à avoir cessé de porter des soutiens-gorge, des chaussures à talons ou des jupes contraignantes, elles ont pu aussi arrêter de se maquiller, de s’épiler ou de se faire un brushing…
Cette dynamique de libération corporelle renvoie à des aspirations qui se manifestent depuis quelques années déjà, mais c’est le confinement qui a permis aux femmes de l’éprouver pleinement. C’est au fond la première fois que nous nous retrouvons seules face à nos corps, à pouvoir en faire ce que nous voulons. De cette expérience inédite, il naîtra peut-être de nouvelles habitudes, la crise produisant alors un effet positif inattendu…
Qu’est-ce qui conduit à ne plus porter de soutien-gorge ?
... Certains on pu prétendre que c’était un signe de laisser-aller. On a vu au début du confinement quelques hommes s’empresser de faire circuler des blagues douteuses sur le fait que les femmes allaient se transformer en hippopotames hirsutes… Ces hommes ont beaucoup à perdre en effet de l’absence des corps de femmes « à disposition » dans l’espace public. Il ne leur reste donc que l’injure. Mais cela n’empêchera pas les femmes d’explorer leur liberté nouvelle. Car, ne plus porter de soutien-gorge, c’est d’abord se libérer d’une contrainte et s’épargner des douleurs. C’est faire enfin primer son confort personnel sur le confort visuel des autres. En libérant nos seins des armatures et des élastiques du soutien-gorge, on les libère aussi des diktats sociaux qui pèsent sur eux."
https://www.nouvelobs.com/mode/20200428.OBS28091/camille-froidevaux-metterie-le-confinement-a-libere-les-femmes-de-l-injonction-a-porter-un-soutien-gorge.html#Témoignages
voir aussi
Chez les jeunes femmes, un nouveau ras-le-bol du soutien-gorge
(décembre 2021)
Proposition
Etudier aussi la place des femmes dans les média durant le confinement (documentation dans PROLONGEMENTS)
Et pour le plaisir, la panoplie girly en temps de Covid...