IMAGE DE SOI SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Onglets principaux
Onglets secondaires
Note : le projet SELFIE ARM concerne des adolescents, mais le selfie n'est pas seulement une pratique adolescente, les adultes sont aussi très nombreux à le pratiquer et à le diffuser sur les réseaux sociaux.
Dans ce projet, des garçons aussi sont concernés ; nous avons ici sélectionné 4 visages dont les retouches sont particulièrement visibles, mais il serait intéressant en classe de montrer toutes les photos.
Commentaires
Quand on observe ces photos retouchées, on remarque certaines récurrences : le visage est affiné, les yeux sont éclaircis, la peau est lissée, les « imperfections » telles que les boutons sont effacés, le nez est aminci, affiné, les lèvres sont plus pulpeuses, les cils très longs et recourbés... S'y dessine un modèle, un type de beauté en vogue à cet instant T et qu'il serait intéressant de regarder évoluer au fil du temps.
C'est un modèle uniformisé qui lisse, efface les différences.
En creux, on y découvre les traits dépréciés : un nez large, voire épaté, un visage rond, des taches de rousseur…,
Ces visages retouchés évoquent des visages de réalité virtuelle, de jeux vidéo, il semble impossible de les considérer comme vrais, ils sont sans vie, figés. C'est une version idéale de soi, une projection, qui donne l'illusion, un temps, d'être cette personne "parfaite". L'objectif est d'être vu.e, de récolter des "like", des commentaires (surtout des commentaires positifs) et, in fine, par ces retours, de se sentir accepté.e et de s'aimer plus soi-même ; on peut y lire le désir, peut-être la nécessité d'être populaire, c'est-à-dire reconnu.e, aimé.e et si ce n'est pas le cas l'échec est terrible, visible par tout le monde.
S'afficher c'est chercher à être en lien, se rassurer sur sa légitimité, mais c'est aussi courir le risque d'être rejeté.e ou de se comparer
Pourtant, il y a aussi un danger : « On utilise des outils pour correspondre à une image, analyse Michael Stora, psychanalyste et coauteur d'Hyperconnexion. Beaucoup rêvent de devenir des avatars d'eux-mêmes. Ils confondent leur identité numérique avec leur identité réelle. »
Dans les traits retouchés, on retrouve des modèles idéalisés, eux aussi, (et photoshopés) d'actrices, de chanteuses, de tops modèles, de stars des réseaux sociaux...
Et pourtant, dans un mouvement contraire, les stars s'affichent "au naturel" concept que l'on peut sérieusement questionner quand il s'agit de stars dont le capital beauté/séduction est l'atout principal. Il s'agit encore et toujours d'affichage.
On peut dévoiler sa cellulite, son bourrelet, ses boutons, ses rides... là encore dans une réalité faussée, car le détail affiché est grossi, et par là même peut aussi sembler "faux". Un dévoilement qui fonctionne à l'envers, les stars se rapprochant de leurs admiratrices dans un mouvement de "moi aussi, je suis... moi aussi, j'ai..." comme pour paraître plus humaines.
Dans les classes où ont été montrées ces photos, les jeunes étaient d'accord pour préférer les photos non retouchées et pourtant comprennent que ce soient les photos retouchées qui sont postées : personne n'est dupe, comme s'il fallait jouer le jeu.
Pourtant, il y a aussi une demande exponentielle de retouches réelles par le biais de la chirurgie esthétique : « ... Les réseaux sociaux sont devenus une forme de vitrine où les gens se mettent en scène dans des stories, où les images règnent sans partage, analyse Pascal Lardellier, professeur à l'université de Bourgogne et spécialiste des réseaux sociaux. Le métier de ces starlettes n'est pas de produire des œuvres, mais de produire un idéal. On est passé de la téléréalité à la réalité-télé. » Résultat, les jeunes veulent, à tout prix, leur ressembler..."
(source : https://www.leparisien.fr/societe/la-chirurgie-esthetique-explose-chez-les-jeunes-francais-01-02-2019-8002311.php)
De même, l'anorexie ou la dysmorphophobie sont des troubles psychiques majeurs dont souffrent beaucoup d'adolescent.e.s.
La pratique de la retouche photo systématique peut donc présenter un certain danger s'il y a une identification à cette image virtuelle et une non-acception de son image réelle (ou du moins perçu comme telle).
Le psychanalyste Michael Stora dans un interview au Journal Le Monde en mai 2022 précise :
"Après avoir amplifié le phénomène de l’anorexie, les réseaux sociaux créent une forme de dysmorphophobie sociétale. A force de se regarder à travers de filtres photos qui gomment toute imperfection, le moindre petit défaut physique devient une obsession. Aujourd’hui, les jeunes ne veulent plus ressembler aux célébrités, mais à une forme améliorée d’eux-mêmes..
... L’engouement pour la chirurgie esthétique est très clairement porté par les réseaux sociaux. Certains médecins se muent même en influenceurs sur Instagram, c’est une manne énorme pour eux...."
Questions sur les photos
Sont-elles plus belles avant ou après ? Pourquoi ?
Pourquoi retoucher sa photo et ne pas mettre une photo "au naturel" ?
Peut-on d'ailleurs parler de photo "au naturel" ?
À quoi sert de poster une photo retouchée alors que tout le monde le voit ?
Qu'en est-il des garçons ? Quelles retouches privilégient-ils ?
Quels sont les modèles (actrices, youtubeuses, "célébrités", etc) qui ressemblent à ces visages retouchés ? Qui sont-elles ? Que promeuvent-elles ?
Comment accepter et affirmer sa différence ?
ARTICLE SUR LE PROJET SELFIE HARM
Quand les réseaux sociaux portent atteinte à l'image de soi des adolescents
https://www.puretrend.com/article/quand-les-reseaux-sociaux-portent-atteinte-a-l-image-de-soi-des-adolescents_a205310/1
Extrait
"...ces adolescent.e.s perdent leurs particularités et leur originalité pour finalement tou.te.s se ressembler. En légende, le photographe tient à appuyer le message fort derrière sa démarche : "Les gens imitent leurs idoles (...) Voici une nouvelle preuve que nous vivons dans un monde où les personnes souffrent du syndrome de la peur de rater quelque chose, de tristesse, d'anxiété accrue et de ' Snapchat dysmorphie'. Il est temps de reconnaître les effets néfastes des médias sociaux sur l'image que les gens ont d'eux-mêmes"...
... La série de photos de Rankin s'inscrit dans l'exposition "Visual Diet" dont la description est la suivante : "À l'ère des influenceurs et influenceuses, nous sommes de plus en plus nourris de milliers d'images tous les jours. Des images hyper retouchées, à la sexualité gratuite, sont servies de manière rapide et éphémère. Elles nous laissent souvent un sentiment de vide et d'inadéquation". En effet, il est important de noter la responsabilité que porte les influenceurs là-dedans. "Notre appétit pour ce genre de contenu est insatiable. C'est du sucre visuel et nous sommes accro. Consommer trop de ces contenus nuit sérieusement à notre santé mentale."
TOUTES LES PHOTOS DU PROJET
VOIR AUSSI (et COMMENTER)
Vingt femmes photographiées dans le style des célébrités par Emily London
https://www.demilked.com/photographing-women-as-celebrities-emily-london/?fbclid=IwAR1QJ1d4oGbKApqVFmZB-bDKlKkTQtyH4VQMyUQQhESUDlK3HlH3vYOL7QM
CHIFFRES
Les principaux chiffres Snapchat
- 229 millions d’utilisateurs actifs chaque jour dans le monde (+20% sur un an).
- 13,2 millions d’utilisateurs actifs chaque jour en France.
- 19,3 millions de visiteurs uniques par mois en France selon Médiamétrie, 20,4 millions selon We are Social / Hootsuite
- 84 millions aux USA (+6%), 65 millions en Europe (+9%) et 61 millions dans le reste du monde (+28%).
- Plus de 3,5 milliards de snaps sont envoyés chaque jour.
- Les utilisateurs de Snapchat y passent en moyenne entre 30 et 40 minutes par jour.
Snapchat est le 3ᵉ réseau social utilisé par les jeunes américains âgés de 13 à 17 ans (22%), juste derrière Instagram (24%) et Facebook (25%), selon eMarketer.
Plus de 90% des 13-24 ans et 75% des 13-34 ans aux USA sont des utilisateurs actifs de Snapchat, selon Snapchat (source officielle).
Source : https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-snapchat/
Les chiffres clés Instagram
- 1 milliard d’utilisateurs actifs mensuels en 2019 (MAU).
- 500 millions d’utilisateurs actifs quotidiens en 2019 (DAU).
- 11% de l’audience d’Instagram est domiciliée aux États-Unis.
Instagram fait partie du cercle très fermé des réseaux sociaux utilisé par plus d’un milliard de personnes chaque mois. À noter également : à travers le monde, plus de 500 millions de personnes accèdent à Instagram tous les jours.
Plus de 50 milliards de photos ont été partagées sur Instagram depuis son lancement en 2010
Plus de 100 millions de photos et de vidéos sont publiées au quotidien sur Instagram
4,2 milliards de likes sont comptabilisés chaque jour
Les photos comportant un visage (pas uniquement les selfies) ont 38% de likes en plus
Source : https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-instagram/
Vidéos
- Qui suis-je sur les réseaux sociaux ?
Camille Tassel, professeure de philosophie, parle avec des lycéens.
https://www.facebook.com/brutofficiel/videos/599516401235814
- Ils se font opérer pour ressembler aux filtres des réseaux sociaux
https://www.facebook.com/watch/?v=371083454782383
Le "glow-up" sur TikTok
Très célèbre sur Tiktok, le "glow-up" consiste à afficher sur une même photo deux versions de soi-même, la plus récente étant la plus réussie.
Une nouvelle injonction à s'améliorer :
"L’expression est une contraction de glow (« briller ») et de grow up (« grandir »), que l’on pourrait traduire par « s’améliorer », « s’embellir ». C’est devenu un verbe, voire une injonction : « Comment glow up en 10 étapes ». ... Sur TikTok, le hashtag #glowup compte plus de 75 milliards de vues." (Source)
Les avatars sur LENSA
Cette application permet de créer des avatars témoignant d'un sexisme évident : ainsi les femmes y sont sexualisées, voire hyper-sexualisées, et dénudées alors que les hommes y sont habillés et présentés souvent comme des super-héros.
Une émission d'ARTE pour mieux comprendre ce phénomène :
Le dessous des images. L'IA, mon avatar et moi
Une nouvelle application permet de créer son avatar via une intelligence artificielle. Téléchargée plus de 20 millions de fois à travers le monde, elle plaît autant qu'elle pose question... Présenté par Sonia Devillers, le magazine qui analyse les images de notre époque.
Envoyez votre selfie, vous découvrirez votre avatar : l'application Lensa s'appuie sur une intelligence artificielle et pioche dans un corpus d'images pour vous proposer un double sublimé. Mais que révèle cette pratique et comment expliquer son succès ? Pour Melissa Heikkilä, journaliste de la revue du Massachusetts Institute of Technology, cette application génère des images misogynes et stéréotypées. Jean-Claude Heudin, chercheur spécialisé dans l'intelligence artificielle, revient sur les origines de l'avatar et son évolution numérique.
Intelligence artificielle
L’intelligence artificielle entretient des stéréotypes bien réels.
Une campagne de "Jamais sans Elles"