lyceennes-t14%20septembre.jpeg

CORPS, VÊTEMENTS

Corps, Discriminations, Lgbtqi+, Masculinités, Sexualités, Sport, Violences
Collège, Lycée

Introduction
 

Le corps des femmes leur appartient-il ?

Scruté, commenté, jugé, critiqué, maté, exposé, hypersexualisé, contrôlé... le corps des femmes est sans cesse remis en cause parce que pas assez, ou trop, ou pas comme il faut... Elles doivent cacher leurs ventres, ne pas allaiter en public ni bronzer seins nus, elles doivent être (ou paraître) minces, jeunes, sexy (mais pas trop sinon elles sont aguichantes), la peau lisse et sans poils...  Agé, leur corps doit être caché (voire le scandale crée par l'actrice Corinne Masiero lors des derniers Césars), handicapé, il doit être invisible, noir il doit coller aux stéréotypes souvent issus du colonialisme...
Sous le regard de l'homme qui le valide, le jauge, l'évalue et sujet à bien des auto-critiques des femmes elles-mêmes, le corps des femmes est normé, sous tutelle, rarement libre.

La chanteuse Lizzo est agressée sur les réseaux sociaux non pas à cause de sa musique mais de son physique comme Hoshi qualifiée "d'effrayante" par un chroniqueur radio. Nombreuses sur les réseaux sociaux sont celles qui sont attaquées violemment parce qu'elles ne correspondent pas à la norme.

Combattre les préjugés, affirmer sa différence, ou comme les joueuses de beach handball ne plus accepter d'être hypersexualisées et offertes aux regards masculins, ou encore se maquiller parce qu'on aime ça qu'on soit femme ou homme, trouver son propre chemin peut sembler parfois difficile.

Ce chemin peut aussi passer par l'appropriation vestimentaire. Ainsi un garçon peut-il porter une robe parce que l'habit correspond à son identité de genre ou être, pour des personnes non binaires, un vêtement parmi d'autres :

"Nous nous identifions beaucoup par nos codes vestimentaires, les habitudes de tel ou tel métier, de tel ou tel milieu social ou familial, explique Karine Espineira, co-fondatrice de l'observatoire des transidentités. Comment déconstruire ou bousculer la binarité sinon en se jouant et en déjouant les codes stricts du féminin et du masculin ? Ou plus simplement, en prenant ce qui nous plait d’ici et de là, sans se poser les questions du genre et des convenances, en s’affranchissant de normes que l’on doit d’ailleurs interroger. " (source)


Pour beaucoup de gens, les vêtements sont encore des outils de distinction genrée : ils devraient donc maintenir une distinction sexuée entre le féminin et le masculin afin qu'il n'y ait pas risque de confusion... Si le travesti est souvent considéré (ou plutôt déconsidéré)  comme une  femme, donc une " folle", que penser d'un homme hétéro (et qui se sent obligé de le préciser) qui choisit de porter une jupe? 

Car, comment peut-on être né homme et se sentir femme ou se sentir homme tout en s'habillant en femme ? Ce sujet interroge au plus profond nos certitudes et nos préjugés quant à ce que sont une femme et un homme.

Même si les hommes ont historiquement porté la robe et la jupe, aujourd'hui, l'homme en jupe interroge, perturbe, rend floues voire caduques nos certitudes et suscite parfois le rejet : trans, homo, gender fluide, hétéro, est-ce bien nécessaire de le définir?
 

Par ailleurs quelle sécurité pour les filles, les femmes en jupe ? Ne se sentent-elles pas souvent obligées de porter un pantalon pour ne pas subir de remarques sur leurs jambes ou prendre le risque de sentir une main se glisser sous la jupe ou encore la soulever ? Pour ne pas se sentir des proies, ne pas être sujettes aux remarques, au harcèlement ?

En acceptant que le vêtement ne soit qu'un vêtement, on accorde à chacun.e la possibilité de porter ce que bon lui semble, selon les jours, le temps, les occasions, ses envies, ses ressentis... sans jugement.

De même, les petites filles ne sont ni des poupées ni des mini-femmes qu'on peut habiller, maquiller comme des adultes ;  il est essentiel de ne pas surexposer leurs corps en les hypersexualisant et en les offrant aux regards et aux désirs avec tous les risques physiques et mentaux que cela implique.


Quelques propositions thématiques
 


Le crop top

Ou comment un vêtement, qui n'a rien de nouveau, cristallise en 2020 toutes les critiques et devient, en même temps, un symbole de revendication féministe et égalitaire.

Propositions de questions/ de recherches documentaires

Pourquoi le crop top pose-t-il problème ?
Quels sont les arguments mis en avant ? Sur quoi reposent-ils ? Qu'en pensez-vous ?
Etablir une revue de presse sur le sujet.
Prises de position politiques ?
Situation dans d'autres pays européens ?
Y a -il d'autres vêtements qui soulèvent autant de critiques ? Au détriment de qui ?
 

Quelques éléments pour la discussion

Le crop top est un haut court, une sorte de brassière qui découvre le ventre et qui n'a rien de nouveau. A la mode dans les 70, 80 (voir le film Flashdance), 90 (voir les Spice Girls) il fait un retour en force ces dernières années. Il a même connu une version masculine. Le problème ? Certains lycées ou collèges ont considéré qu'il est provocant et, à ce titre, doit être interdit dans l'espace scolaire. Un mouvement de protestation s'en est suivi, et un appel sur les réseaux sociaux (#14 septembre) a appelé toutes les filles à venir au lycée dans des tenues provocantes ou osées (2020).


Le danger représenté par ce type de vêtement serait son potentiel excitant qui mettrait à mal la concentration des jeunes garçons, dont les hormones à cet âge, leur en font déjà voir de toutes couleurs... ils seraient automatiquement attirés par ces ventres découverts et devraient lutter contre les désirs nés de cette contemplation. Le garçon de base, tel un chien devant son écuelle, bave devant les filles et son instinct le pousse naturellement à leur sauter dessus. Car enfin, ce sont les filles qui provoquent, ce sont elles les responsables! (on n'est pas loin du "elle l'a bien cherché" des agressions sexuelles). Les filles déjà victimes d'une sexualisation à outrance dans l'espace public, y sont maintenant sujettes dans l'espace scolaire.

Cette situation est préjudiciable aux filles comme aux garçons (et d'ailleurs nombreux ont été ceux qui se sont montrés solidaires lors de ce 14 septembre).

" L'argument principal qu'on entend, c'est que la vue des cuisses et des nombrils des filles, ça excite les garçons, ça les déconcentre et les pauvres se retrouvent ainsi pénalisés. Il faut donc les protéger contre la tentation, contre ces vilaines pécheresses à la peau découverte...

...Cette vision du garçon dépassé par ses pulsions, incapable de se contrôler, est très culturelle. En Occident, au Moyen Âge (et même pendant l'Antiquité), on pensait que si une partie de l'humanité était totalement débordée par ses pulsions sexuelles, c'était les femmes...

... Le renversement avec les normes actuelles est donc intéressant. Désormais, ce sont les filles qui sont perçues comme déconnectées de la sexualité, privées de pulsions, et sachant se contrôler. Et ainsi, elles deviennent responsables du comportement des garçons, créatures faibles.

... Mais bizarrement, alors qu'au Moyen Âge cette vision justifiait la domination masculine, de nos jours, l'inverse n'implique pour personne une domination féminine...

...Il ne faut pas se leurrer : quand la société, quand des adultes en situation d'autorité s'arrogent le droit de décider à la place des femmes ce qu'elles peuvent mettre, il s'agit aussi d'inculquer à ces femmes l'obéissance. C'est leur dire que la société leur refuse leur liberté, qu'elles n'ont pas le droit de se soustraire au jugement général, qu'elles doivent se soumettre. Au-delà du short, il s'agit de les faire plier pour qu'elles n'oublient pas qu'elles ne s'appartiennent pas, qu'elles appartiennent avant tout aux autres..."
SourceLes filles peuvent s'habiller comme elles veulent, c'est un droit pas une option

Le débat est donc mis sur le vêtement et celles qui le portent au lieu de se porter sur l'objet principal, à savoir les garçons, et leur nécessaire éducation afin de ne pas légitimer une culture du viol.

"... Cette inversion de la culpabilité, c’est le principe même de ce qu’on appelle la culture du viol. Dans cette culture, c’est l’acteur d’un fait répréhensible qui voit son action dédouanée par le comportement de la victime. Là, ce sont les filles qui devraient adapter leur comportement face à la réaction des garçons. Interrogeons-nous donc sur ce sujet manqué.

Que se passe-t-il dans la tête d’un garçon de 14 ans lorsqu’il voit un nombril, un décolleté ou une paire de cuisses ? Et, avant cela, je propose de se poser une autre question. Que se passe-t-il dans la tête d’une fille de 14 ans lorsqu’elle voit un nombril, un décolleté ou une paire de cuisses ? 

Cette dernière semble plus aisée à répondre. La première plus compliquée. Car si le garçon en question a bien suivi l’éducation qui lui est réservée dans notre société, il sexualisera de facto le corps de l’adolescente. La fille, non. À croire que ce n’est pas le vêtement qui est problématique. Nous vivons dans une culture qui sexualise chaque pan du corps des femmes...

(citant JM Banquer qui réclame le port d'une tenue républicaine à l'école):

... En somme, tout ce qui est porté par un garçon et qui ne peut pas être qualifié de « féminin » est considéré dans notre société comme une tenue républicaine. Tout ce qui est porté par une fille, eh bien cela dépend de la réaction des hommes qui la verront.

Le problème de la « tenue républicaine » est donc bien un problème systémique dont la solution ne peut être réservée aux seul.e.s directeurs et directrices d’établissement. Pour répondre à cette polémique et à l’engagement des collégien.ne.s et des lycéen.ne.s, il faudrait un débat public pour proposer, par exemple, l’intégration dans les cours d’éducation civique tout un pan, destiné aux garçons, pour déconstruire ce que le reste de la société leur a appris. Un nombril, une paire de cuisse ou encore un décolleté ne sont pas faits pour susciter chez eux un comportement répréhensible. Et par ailleurs, je suis convaincue qu’on peut d’ores et déjà accorder un peu plus de crédit aux garçons : avec un peu de pédagogie, il leur est aisé de comprendre que ce n’est pas un nombril, une paire de cuisses ou un décolleté qui va les transformer en animal abruti.

Source : On en a 100 % rien à faire de savoir ce que les gens pensent de nos tenues.

... Lorsque les filles choisissent de porter un crop-top ou un short dans la banalité quotidienne de leurs vies, elles sont immédiatement ramenées à leur corps-objet, critiquées pour leur apparence «sexy», taxées d'allumeuses. Nous touchons là au cœur du problème. La qualification de «tenue inappropriée» ne signifie rien d'autre qu'une assignation des filles à la potentialité sexuelle de leurs corps adolescents. Laisser entendre qu'un décolleté ou un ventre apparent dérange leurs camarades, voire les excite, c'est accepter comme une donnée intangible que les désirs masculins sont irrépressibles. Qualifier l'aspiration des jeunes femmes à s'affranchir des diktats sexistes de «liberté affichée qui n'en a que le nom», c'est non seulement leur dénier toute capacité réflexive, c'est aussi nourrir les représentations qui enferment leur corps dans le registre sexuel. Exiger qu'elles couvrent leur poitrine, leurs épaules, leurs jambes, c'est en un mot leur asséner un rappel à l'ordre patriarcal des choses...

... Il se trouve que ce ne sont pas les filles qui sont responsables du harcèlement et des violences sexuelles qu’elles subissent, mais bien ceux que l’on n’éduque pas au respect des corps, des genres et des sexualités....
Source : Quand les femmes ne sont plus définies par leurs corps

Voir aussi la réaction de la mère d'une collégienne lors de la rentrée 2022qui s'étonne du "problème" crop top alors qu'il est vendu absolument partout : 
https://twitter.com/fcahen/status/1565691238640230400?s=21&t=lNMbx4PgNjRKSuImk9vxOg

Et pour prouver l'inégalité flagrante de traitement entre vêtement féminin et masculin : une jeune fille prend un avertissement pour short trop court alors que son camarade
(garçon) qui porte un short de même longueur n'en reçoit pas  

 (Source)

De même, au Japon (en 2022) , afin de ne pas exciter sexuellement les garçons, certains établissements scolaires interdisent aux filles de porter... une queue de cheval! (Source).
Jusqu'à très récemment, on exigeait des filles qu'elles portent des sous-vêtements uniquement de coueur blanche :

Il y a deux ans, Kira Yoshiko une parlementaire communiste, avait tenté, en vain, de réveiller l'opinion publique en dénonçant les débordements liés à ces règles. Elle avait notamment pointé le traumatisme de jeunes élèves humiliées lors des contrôles de leurs sous-vêtements. Des professeurs, femmes mais aussi parfois hommes, se permettant de déboutonner leurs chemisiers ou de soulever leurs jupes pour vérifier la couleur de leurs sous-vêtements. « Est-ce que l'on ne devrait pas appeler ça du harcèlement sexuel », avait demandé l'élue au ministre de l'éducation. (Source)

Vidéos

  • Il teste le croq top au lycée pour dénoncer le règement

https://www.facebook.com/watch/?v=4483641901685783

  • Quand la tenue des filles faisait polémique... en 1960 

https://www.brut.media/fr/news/quand-la-tenue-des-filles-a-l-ecole-faisait-polemique-en-1960-11b536de-a983-4465-a5e7-44f9e2dc9225

Pour aller plus loin : la journée de la jupe (baptisée printemps de la jupe à sa création)

Lors de cette journée filles et garçons sont invités à venir au lycée, vêtus d'une jupe pour manifester leur engagement dans la lutte contre le sexisme et les inégalités femmes/hommes.
 
Propositions de questions/thématiques
  • Faire l'historique de cette journée
  • Quels sont ses objectifs ?
  • Quelles sont les réactions ?
  • Quelles sont les principales prises de position politiques et sociétales et leurs arguments ?
  • Cette journée existe-t-elle dans votre établissement ? Si oui : témoignages. Si non, pouvez-vous envisager de la mettre en place cette année ? 
 

 

Un peu d'Histoire... l'exemple du pantalon


Symbole du pouvoir masculin, le pantalon a longtemps été interdit aux femmes. 

Extraits de Depuis quand les femmes portent-elles des pantalons en France ?

L'historien Denis Bruna, renvoie à "un décret qui a été promulgué par le préfet de police de Paris le 7 novembre 1800. Informé que beaucoup de femmes se travestissent et désirent porter des vêtements d'hommes, il promulgue un décret selon lequel si une femme veut porter un pantalon, il lui faut demander auprès de la préfecture de police "une permission de travestissement" avec une raison particulière, médicale ou professionnelle"

En effet, l'ordonnance de 1800 de la Préfecture de police de Paris interdit aux femmes de porter le vêtement dit "masculin". (Note : ce décret a été abrogé uniquement en 2013)

La femme qui porte le pantalon est considérée comme une travestie, elle ne devait pas porter la culotte car la femme "qui porte la culotte" (d'où cette célèbre expression pour le moins sexiste) porte atteinte à l’ordre patriarcal établi ! 

C'était comme prendre l'autorité des hommes…

... Les premières féministes revendiquent haut et fort le port du pantalon car il est beaucoup plus confortable et moins entravant - allez compter le nombre de couches qui se superposaient et privaient alors le corps féminin de sa mobilité… 

"Par conséquent, comme le souligne l'historien de la mode, il y a des métiers qui ne permettaient pas d'être exercés avec des vêtements et des robes particulièrement encombrantes"

D’autres femmes sont parvenues à passer outre quel qu'en soit le prix, ainsi la féministe américaine, Amelia Bloomer, qui invente le pantalon bouffant, the bloomer, ce pantalon ample qui contribue à un véritable changement des normes et représentations vestimentaires chez les Françaises. 

En France, Madeleine Pelletier, la première femme médecin, n'a pas peur de s’habiller en homme sans autorisation, et en juillet 1887, revendique ce droit auprès des députés. 

... L'historien explique que "le pantalon est un vêtement féminin à partir, essentiellement des années soixante, quand les femmes ont pu porter le pantalon dans la rue d'une façon assez simple, sans soulever les soupçons et les regards inquisiteurs"

Pour les femmes qui occupent des fonctions politiques, le port du pantalon a encore longtemps été interdit :
Ainsi, en 1972, Michèle Alliot Marie, alors conseillère technique au cabinet d'Edgar Faure, se voit refuser l'entrée de l'Assemblée nationale par un huissier au prétexte qu'elle porte un pantalon. Elle lui aurait répondu "Si c'est mon pantalon qui vous gène, je l'enlève dans les plus brefs délais" ce qui aurait fait plier l'huissier (cité par Christine Bard dans son livre Une histoire politique du pantalon). En 1978, c'est Chantal Leblanc, nouvellement élue qui se voit refuser l'entrée de la même Assemblée parce qu'elle porte pantalon et sabots, ses vêtements habituels. 

Les vêtements des femmes politiques sont décidemment sujets aux commentaires sexistes : en 2012 c'est la robe de Cécile Duflot alors ministre, qui provoque des sifflements à l'Assemblée Nationale. 

Article

Les femmes politiques ne peuvent toujours pas s'habiller comme elles veulent (2022)

Vidéos

Le combat vestimentaire des femmes en politique

Le combat des femmes politiques pour s'habiller comme elles veulent

Une émission de radio  (2010)

La femme et le pantalon, histoire d'une conquête

Un podcast

Le vêtement à l’Assemblée nationale : cravate, jean ou robe ?

Sur le décret et son abrogation

" L’ordonnance de 1800 interdisant aux femmes de s’habiller en homme revient aujourd’hui (2013) dans l’actualité à l’occasion d’un récent communiqué du ministère des Droits des femmes. En prétendant abroger une ordonnance désuète, les autorités cherchent à s’attribuer ce qui dans les faits fut obtenu par les femmes."
Le droit au pantalon. Du pittoresque au symbolique

Marie-Rose Astié de Valsayre fut l’une des premières femmes à militer pour que les femmes aient le droit de porter des pantalons, à la fin du XIXe siècle :
Marie-Rose Astié de Valsayre

Voir aussi 

Comment le pantalon a été un outil de pouvoir pour les femmes 

La jupe au masculin
 

Vidéo

 

La robe de l'avocat, du juge est symbole de pouvoir ; à ce titre, un homme qui la porte ne provoque aucun jugement, aucun rejet mais plutôt du respect. Qu'un homme ordinaire décide de s'en vêtir, pour le plaisir, aussitôt les craintes les plus folles jaillissent : on ne pourrait plus différencier les hommes des femmes (déjà cette peur a existé quand les femmes se sont mises à porter des pantalons et les hommes a porter les cheveux longs), on pourrait même les confondre ? Les hommes se déviriliseraient, ne seraient plus des "vrais" hommes, mais bien pire tous des homosexuels... et l'on sait combien la société est homophobe, parfois de façon très violente.

Menace pour l'ordre social, dégenrer un vêtement est révolutionnaire.

La mode ne s'y est pas trompée et a récupéré le phénomène pour ses collections. Mais le milieu de la mode est élitiste, il concerne les artistes, les gens riches ou très riches dont l'originalité est acceptée voire valorisée.

C'est très différent dans la plupart des autres milieux sociaux : qu'un garçon s'aventure en jupe et on le traitera de "pd", de "folle" de "travelo" de "dégénéré"... et il sera peut-être roué de coups et violenté.

Qu'est-ce qui dérange tant ?

Qu’il soit gay ou hétérosexuel, lorsqu’un homme décide d’arborer des pièces d’ordinaire portées par des femmes, il est systématiquement perçu dans l’espace public comme étant ouvertement homosexuel, et risque ainsi d’être socialement exclu, ou encore de devenir la cible d’injures voire d’agressions homophobes. La garde-robe des hommes se dévirilise néanmoins de saison en saison : les frontières se brouillent et cela contribue à faire évoluer les mentalités. Je connais un tas d’hommes qui ont le courage de porter des robes, du maquillage, des chaussures à talons et je les admire pour cela. 

(source)

"...le besoin d'interpréter politiquement le langage vestimentaire... Le vêtement n'ayant aucune signification intrinsèque, il est sans cesse interprété, classé interdit ou licite, étiqueté masculin ou féminin, jugé provocateur ou modeste...Le stigmatisation de l'homme en jupe, cible pour les homophobes et les gardiens du prestige viril, est également inquiétante...L'indifférenciation des genres - avec la liberté sexuelle dont elle est porteuse- fait peur. Elle est souvent assimilée à un rêve totalitaire d'unité, d'homogénéisation et de négation de la Différence. Pour moi, c'est tout le contraire puisqu'il s'agit de défendre l'accès des femmes et des hommes à l'ensemble du répertoire vestimentaire, ce qui aboutit à une plus grande diversité et à la  reconnaissance des différences inter-individuelles....". Christine Bard, Ce que soulève la Jupe, Identités, transgressions, résistances, Autrement, 2010, P.167,168

Solidarité

Les garçons qui viennent en jupe au lycée à l'occasion de la journée de la jupe, ou pour le 14 septembre 2020 (crop top), le font par solidarité avec les filles comme certains professeurs espagnols (et des élèves) l'ont fait pour protester contre l'expulsion d'un élève qui en avait porter une en novembre 2020
 https://twitter.com/hashtag/LaRopaNoTieneGenero?src=hashtag_click

Plus récemment, au mois de mai, deux autres enseignants, Manuel Ortega et Borja Velúquez, d'une école primaire de Valladolid, ont rejoint le mouvement après qu'un de leurs élèves a été victime d'insultes homophobes, indique un article d'El País. Ils ont même décidé de porter une jupe tous les jours pendant un mois. «Une école qui éduque dans le respect, la diversité, la mixité et la tolérancetweetait Borja Velúquez, le 29 avrilHabille-toi comme tu veux! Nous rejoignons la campagne #LesVêtementsNontPasDeGenre.»

Il est essentiel que l'école accompagne un garçon qui souhaite s'habiller en robe pour être en accord avec son identité de genre, pour éviter les exclusions qui mènent souvent à la dépression ou au suicide. La solidarité manifestée par ces professeurs et ces élèves va dans ce sens.

Des hommes choisissent la jupe

 

Compléments

Un homme (un acteur) ose le dos-nu : Timothée Chalamet au Festival de Venise 2022
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/09/11/timothee-chalamet-dos-nus-sur-le-tapis-rouge-a-venise-c-est-peut-etre-un-detail-pour-vous_6141143_4500055.html

Les hommes se peignent aussi les ongles : de plus en plus des personnalités de la mode, du sport, du cinéma (comme Bard Pitt) se mettent du vernis sur les ongles...
https://www.liberation.fr/lifestyle/beaute/vernis-a-ongles-pour-hommes-vive-la-menucure-20211222_KI2JB2K7PRE5HIOT3DXBUOTB7Y/

Une association : La jupe au masculin

Une ligne de vêtements : Sous les jupes des hommes

Il existe aussi des collants, du maquillage, de la lingerie pour hommes, https://www.elle.be/fr/271167-maquillage-homme-beaute.html

Les hommes portent de plus en plus de vernis à ongle
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/04/27/le-vernis-pour-homme-un-signe-de-l-epoque_6123850_4497319.html

Un témoignage : Rencontre avec un homme qui porte des jupes, Raymond Schreiber

et un article plus général sur les changements du vestaire masculin
Vestiaire masculin : le code a changé (novembre 2022)
"Des couleurs vives et acidulées, des pièces qui questionnent le genre : sur les podiums, les créateurs renouvellent la mode homme. Et dans la rue et en boutique, le fonctionnel laisse une place à une pointe d’excentricité."


Le corps des sportives : exemples récents

JEUX OLYMPIQUES 2024

 

Tenue proposée par Nike aux athlètes américain.e.s qui a fait (heureusement) scandale : l'échancrure taille XXL du maillot féminin (on imagine les hommes portant un tel maillot...) implique un rasage intégral du pubis sans oublier l'angoisse de voir s'échapper le fil du tampon périodique... Pourquoi les femmes ne peurraient pas porter un short ?

Dans un article du journal Libération,  le post sur Instagram de Lauren Fleshman, championne des Etats-Unis du 5 000 m en 2006 et 2010, est cité : 
: «Les athlètes professionnels devraient pouvoir concourir sans avoir à consacrer de l’espace cérébral à la surveillance constante des poils pubiens ou à la gymnastique mentale qui consiste à exposer chaque partie vulnérable de leur corps. Les tenues féminines devraient être au service de la performance, mentalement et physiquement. Si cette tenue était vraiment bénéfique à la performance physique, les hommes la porteraient. Il ne s’agit pas d’une tenue d’élite pour l’athlétisme. Il s’agit d’un costume issu des forces patriarcales qui ne sont plus les bienvenues.»

Pour les JO de Paris, un nouveau textile est utilisé pour les tenues féminines qui permet de lutter contre le voyeurisme : " Un équipementier japonais a mis au point une matière bloquant les prises de vues utilisant des infrarouges, qui dévoilent les dessous ou les formes des corps. Plusieurs équipes féminines nippones participant aux prochains Jeux olympiques l’ont adopté."(Source)

Cet article du Journal Le Monde, JO de Paris 2024 : où en sont les inégalités entre les tenues vestimentaires des femmes et des hommes ?, détaille les sports où les règles diffèrent entre hommes et femmes : gymnastique, beach hand-ball, les sports où les stéréotypes persistent en pratique : athlétisme, tennis, les sports où les règles ont récemment évolué : beach-volley, natation, les sports aux tenues égalitaires : handball, judo.


JEUX OLYMPIQUES TOKYO 2020

- Les gymnastes allemandes ont fait parler d'elles lors de la compétition en revêtant une combinaison intégrale au lieu des justaucorps échancrés habituels (ce qui est autorisé par le règlement mais peu pratiqué).

Elles expliquent

 « Petite fille, je ne voyais pas la tenue serrée comme un gros problème, racontait Sarah Voss (21 ans) en avril dernier sur son compte Instagram. Mais quand la puberté a commencé, quand j’ai eu mes règles, j’ai commencé à me sentir de moins en moins à l’aise ». Ce choix, Elisabeth Seitz le justifie également par la profusion de clichés de jeunes filles gymnastes circulant sur Internet et attirant des regards malveillants."

« Nous voulons montrer que chaque femme à le droit de choisir ce qu’elle veut porter », avait confié Elisabeth Seitz, 27 ans, (qui participe à ses troisièmes Jeux) à nos confrères de l’agence Reuters au début de la compétition. « Cela ne veut pas dire que nous ne voulons plus porter le justaucorps normal, a aussi expliqué la gymnaste. C’est une décision au jour le jour, basée sur ce que nous ressentons et ce que nous voulons. Le jour de la compétition, nous déciderons quoi porter. »

C'est bien le minimum que les sportives aient le libre choix de leur tenue afin de se sentir à l'aise et moins exposées aux regards du public et aux cadrages serrés des télévisions, qu'elles soient moins jugées et évaluées sur leur pastique mais uniquement sur leurs performances.

D'autant que les scandales d'abus sexuels dans le sport ont été nombreux ces dernières années.

Ci-dessous, JO Tokyo 2020, une gymnaste en justaucorps échancré, une gymnaste allemande avec collant couvrant, un gymnaste français.

    

 

- An San, jeune championne d'archer, première sportive sud-coréenne à gagner trois médailles d'or a été violemment critiquée sur les réseaux sociaux, certains demandant même qu'on lui retire ses médailles. La raison ? ses cheveux courts. En effet, en Corée, les cheveux courts sont associés au féminisme, ce qui dérange des internautes en majorité  de sexe masculin qui livrent une "bataille des sexes" contre les politiques féministes qui seraient défavorables aux hommes et tout particulièrement aux plus jeunes.(Source)

Un mouvement de défense a surgi en réaction, de nombreuses femmes postant des photos d'elles avec les cheveux courts. C'est le cas notamment de l'avocate Ryu Ho-jeong, membre de l'Assemblée Nationale, elle même portant les cheveux courts et cible de nombreuses attaques en 2020 parce qu'elle portait une robe jugée trop courte et indécente (ce qui rappelle les sifflets accueillant la prise de parole de Cécile Duflot à l'Assemblée nationale en France parce qu'elle portait une robe à fleurs).

EURO FEMININ 2021 DE BEACH HANDBALL 

Lors de leur dernier match, les joueuses ont refusé de jouer avec le bikini traditionnel (et obligatoire) mais ont porté un short, ce qui leur a valu une amende de 1500 euros.
En effet, le règlement (Ici)  précise les tenues pour les équipes féminines et masculines :

Extraits

Les tenues et accessoires des athlètes contribuent à aider les athlètes à améliorer leurs performances, ainsi qu’à rester cohérents par rapport à l’image sportive et attractive du sport...

... Le maillot des hommes doit être sans manches et ajusté... Le haut des femmes (style brassière courte) doit être également ajusté...

...Les shorts des joueurs, s’ils ne sont pas trop amples, peuvent être plus longs mais doivent rester 10cm au-dessus du genou. Les joueuses doivent porter des bas de bikini qui sont en accord avec les graphiques joints, ajustés et échancrés. Les côtés doivent mesurer au maxi 10cm...

Ci-dessous une photo des tenues "traditionnelles" des équipes féminine et masculine 

  

On peut légitiment se demander en quoi le bikini aide les joueuses à "améliorer leurs performances" ? Ne serait-ce pas plutôt l'image "attractive" du sport qui serait privilégiée en faisant des fesses, des cuisses, des ventres des joueuses l'objet de l'attention du public (masculin sans doute) ? Car non seulement le bikini doit être ajusté mais encore échancré ! Et finalement, si ce sport doit être attractif, pourquoi ne pas faire jouer aussi les hommes en bikini et torse nu ? Gageons que certain.e.s apprécieraient.

Pourquoi pour pratiquer le même sport, les hommes et les femmes doivent-ils porter des tenues aussi différentes ? Pourquoi ce qui est valable pour l'un ne serait pas valable pour l'autre ?

ll est scandaleux que les corps des sportives soient exhibés. Cette exposition (amplifiée par les caméras des télévisions qui n'en perdent pas une miette et n'hésitent pas à faire des plans sur les parties de corps découvertes) révèle combien le corps féminin est sexualisé et offert aux regards masculins et combien cela est non seulement toléré mais, comme ici, imposé.

« Le corps esthétisé importe au moins autant que le corps performant. Etre sportive de haut niveau a un coût : accepter la sexualisation pour espérer être considérée pour ses résultats et médiatisée », résume Catherine Louveau, qui souligne aussi l’incitation à arborer des attributs de la féminité : maquillage, bijoux et vêtements spécifiques, « comme s’ils devaient les disculper de leurs corps musclés, performants. »...

... En 2012, le beach-volley concédait la possibilité de porter le bikini, un ensemble maillot-short ou une tenue couvrante avec manches longues et leggings. « L’aspiration à la pudeur, de la part des sportives, est d’émergence récente », confirme Catherine Louveau.

Elle a par ailleurs gagné en légitimité. « En droit, le respect de la volonté de ne pas exposer son corps nu ou partiellement dénudé aux regards semble peu à peu s’imposer », relève Juliette Gaté. La solution consistant à laisser le choix aux intéressées semble progressivement prendre le dessus, même si elle ne va pas sans ambiguïté..."
(Source)

 

Mise à jour novembre 2021 : "Victoire par KO contre le sexisme dans le sport. La Fédération internationale de handball (IHF) a modifié ses règles concernant les tenues des joueuses de handball de plage. Dès janvier 2022, les femmes porteront des «pantalons courts et ajustés» et des «débardeurs body fit» lors des compétitions, est-il écrit dans le nouveau règlement. " (Source )

 


Hypersexualisation des petites filles 

Qu'appelle-t-on l'hypersexualisation et quels seraient ses dangers ?

Pour Chantal Jouanno, rédactrice d'un rapport en 2012 sur ce sujet, l’hypersexualisation des fillettes « renvoie à la sexualisation de leurs expressions, postures ou codes vestimentaires, jugés trop précoces...  d'un usage excessif de stratégies axées sur le corps dans le but de séduire » (source)

De plus en plus répandu, ce phénomène est accentué par l'essor du marketing genré, les réseaux sociaux, la téléréalité, etc. On apprend aux filles à se comporter (et se conformer) à un certain type de féminité, celui de l'apparence, de la séduction, du contrôle du corps qui doit correspondre à des normes; offertes aux regards, elles sont aussi, bien souvent depuis leur plus jeune âge, sujettes à l'angoisse d'avoir un corps qui ne correspond pas aux normes (parallèlement on voit se développer la chirurgie esthétique, les soins de corps, massages etc pour les très jeunes, tout un marché économiquement très juteux). 
 

Dans The Beauty Myth21, Naomi Wolf écrit que les filles nées après les années 1980 n’ont pas d’enfance. Elle affirme que « pour une petite Américaine de sept ans, monter sur la balance et pousser un cri horrifié est un rituel de féminité, indissociable d’une promesse de gratification sexuelle ». Elle signifie par là que l’on a en quelque sorte volé l’enfance de ces petites filles et l’insouciance allant avec, en les poussant à devenir des « mini-adultes » trop tôt, que ce soit physiquement mais aussi sentimentalement. 
(source)

Dans un récent article, la journaliste Titiou Lecoq évoque les bikinis pour petites filles dès 3 ans et la sexualisation forcée de leurs corps d'enfant :
Le bikini pour petites filles, ou l'hypersexualisation dès le berceau 

Extraits

"Mais que signifient ces maillots ? On apprend aux filles à masquer ce qu'elles n'ont pas encore, on leur inculque la pudeur, on les dresse au désir de l'autre. Et que ce soit elles qui réclament ne change rien à l'affaire. (En ayant réclamé moi-même, je suis bien placée pour le savoir.) Elles ne font que répondre à une pression sociale en intégrant le rôle qu'on attend d'elles. Être de petites femmes. Le dressage commence très tôt. Le fait qu'elles nous demandent ce genre de maillot devrait nous interroger sur les modèles féminins que nous leur présentons. Et la deuxième étape, bien sûr, c'est d'en discuter avec elles. Les faire réfléchir sur ce que représentent les bikinis qui miment des seins sur des petites filles.

De manière générale, c'est symptomatique d'un effacement de la différence entre fille et femme. On est dans une seule catégorie, des femmes de divers âges. Effacement qu'on peut penser dans les deux sens. Les petites filles sont incitées à s'habiller comme des femmes, et les femmes sont incitées à s'épiler pour retrouver un corps prépubère. Parce que, pour rappel, les poils sont un signe de puberté. Un sexe féminin sans poil rappelle donc inévitablement un sexe prépubère, donc un sexe de fillette. La boucle est bouclée. Peu importe son âge, on n'échappe pas à sa condition de corps sexué féminin.

Et, pendant ce temps, les garçons jouent tranquillement. Tant mieux pour eux, évidemment. Mais pourquoi des filles de 5 ans devraient chercher à plaire physiquement, à jouer à la femme, alors qu'on laisse les garçons du même âge être des enfants qui font des châteaux de sable?"

Stéréotypes Mode pour enfants: des clichés de genre cousus de fil rose (2022)

Short plus moulant pour les filles, inscriptions «viriles» pour les garçons... En Allemagne, une enquête du «Süddeutsche Zeitung» montre comment les enseignes de fast fashion font perdurer les biais sexistes dans la mode enfantine.

 Autres exemples 
(ne pas hésiter à poursuivre la recherche)

Chaussures de princesse  Petits enfants (4-7 ans) 

 
 
 
Comment une petite fille 4 ans peut-elle marcher avec de telles chaussures ? Est-ce que c'est bon pour son dos ? A cet âge les enfants, courent, sautent, grimpent.. Et même pour une circonstance exceptionnelle, ne peut-on pas laisser les filles porter des chaussures d'enfants ? Ne pas leurs imposer un destin de princesse dès leurs premiers pas? (et l'inconfort qui va avec)
 
 

Palette de maquillage pour les 3/6 ans

 
"Les petites filles vont adorer se bichonner en jouant avec cette palette de maquillage ! Cette palette compacte de maquillage a la forme d'un cupcake et tu peux l’emporter partout pour te refaire une beauté quand tu veux."
Inclus : 13 ombres à paupières, 7 rouges à lèvres, 3 blushs, 3 bâtons de gloss, 3 applicateurs
(source)
 
Il ne s'agit pas de maquillage jouet pour se grimer en clown ou pour fêter le carnaval mais de vrai maquillage, acheté dans un magasin qui s'adresse aussi aux ados et aux femmes adultes (Claires) ; celui-là est destiné à des toutes petites filles (3/6 ans) qui sont donc sensées se faire belles (?)  et qu'on encourage ainsi à plaire et à séduire.  Quel besoin ont-elles de blush, de fard à paupierre, de gloss? Quel projet de réalisation personnelle et de relation aux autres est ainsi proposé à des enfants?
A une époque où l'on dénonce les réseaux de pédo-criminalité, ou les témoignages, glaçants, d'abus sur des enfants se multiplient, il est  paradoxal et dangereux de laisser se développer un marketing ciblé sur la séduction en direction des plus jeunes.
Notons par ailleurs l'extrême nocivité de ces produits (perturbateurs endocriniens, allergènes) et l'habillage "gourmand" du coffret (forme du cupckake) pour le rendre davantage attractif (les filles sont gourmandes, c'est encore un vieux stéréotype).
 
 

Bodies "Petit Bateau" (2011)

 A gauche de l'image un body avec série d'adjectifs, inscrits en rose, dont le premier est "Jolie". A droite un body avec série d'adjectifs, inscrits en bleu, dont le premier est "Fort".
 
Rappelons ici que ces vêtements sont destinés à des BÉBÉS...
 
Pour les filles, il s'agit donc d'être : jolie, têtue, rigolote, douce, gourmande, coquette, amoureuse, mignonne, élégante, belle : sur 10 adjectifs 5 ont trait à l'apparence, en lien avec le soucis de plaire, d'être admirée; gourmande parce que le goût pour le sucré des filles est légendaire (pour l'instant c'est le sein ou le biberon mais bon...), douce évidemment (manquerait plus qu'une fille aie du caractère), têtue, aïe, un trait de caractère pas très valorisé, rigolote, dépréciatif par rapport à drôle et enfin amoureuse, parce qu'une fille ne pense, ne rêve que de ça...dès le berceau.
 
Pour les garçons : Courageux, fort, fier, robuste, malin, vaillant, rusé, habile, déterminé, espiège, cool : pas de vaine séduction ici, le garçon allie force et courage, détermination et ruse, bref un héros, un conquérant dès la naissance.
 
Passivité et action, douceur et conquête... le destin des petites filles ne fait pas rêver.

Sur tiKtoK un père en colère témoigne 
"Il raconte avoir beaucoup de mal à trouver des vêtements appropriés pour elle, alors qu'elle n'était encore qu'une nouvelle-née. Par exemple, il dit avoir vu un body pour nourrisson avec l'inscription "Désolée les gars. Papa a dit pas de rencart". "Je me demande qui ils pensaient voir sortir avec ma fille de 0 mois", commente-t-il, "pourquoi tout a des froufrous ? Pourquoi tout est rose vif ? Pourquoi il y a des paillettes partout ?", interroge-t-il. Pire encore : ce papa raconte que les vêtements pour fille étaient plus petits que ceux pour garçons étiquetés avec la même taille en mois. Diktat de la minceur et futurs complexes, bonjour ! Et comme si cela ne suffisait pas, il a remarqué que les vêtements conçus pour les filles semblaient plus "sexy" que ceux pour les garçons. Par exemple, impossible de trouver un maillot de bain une-pièce pour son bébé : il n'y avait que des bikinis. Idem pour les shorts : que des modèles ultra-courts. Quant aux pantalons, ils sont tous moulants, alors que ceux pour garçons sont larges." (source)


Exercice à partir de l'exemple des 2 bodies 

Vous semble-t-il utile d'avoir deux types de bodies distincts ? si oui, justifier, et proposez votre propre liste d'adjectifs pour l'un et l'autre modèle.
si non, listez les adjectifs qui vous semblent correspondre à des compétences/qualités à mettre en valeur pour un modèle unisexe.

 

Les mini-miss...

 Deux petites filles habillées et maquillées comme des femmes posent dans des attitudes figées.

 

et aussi

 

Un article très complet sur le sujet de l'hypersexualisation
Les dangers de l’hypersexualisation des jeunes filles : une enfance volée

 

Une expérience sur Facebook qui démontre que ce sont bien les femmes (et leurs corps  qui sont censurés)
https://www.facebook.com/fluidd.be/videos/925407051578309

 

L'indignation d'adolescentes anglaises face à l'hyper sexualisation de leurs uniformes 

Elles ont lancé une pétition sur le site du Parlement pour demander d'arrêter l'hyper sexualisation des écolières. L'uniforme, qu'elles portent obligatoirement, apparaît sur des sites pornos ou est vendu comme un accessoire de jeux sexuels. Une situation insupportable pour ces jeunes militantes.


Le fameux SUMMER BODY

Vidéos

Summer body, ou l'injonction au corps parfait

" Sur les réseaux sociaux, on trouve de nombreux défis comme #summerbodychallenge ou encore le très célèbre #objectifbikini qui vous enjoignent à travailler pour arborer un corps parfait à la plage.
Une injonction présente dans la publicité, la presse, les livres et même parfois les films. Elle témoigne d’une volonté de contrôle sur le corps des femmes dans l’espace public, que l’on retrouve aussi à travers le jugement porté sur les femmes qui décident d’ôter le haut à la plage : une pratique en net recul.
Loin de n’être qu’un pur espace de liberté et de détente, la plage est aussi un lieu de contraintes et de jugement. Comment ce contrôle du corps des femmes s’exerce-t-il, et comment une partie des nouvelles générations s’y oppose-t-elle ? "

Summer body, l'arnaque du siècle, ARTE, 4 minutes

Depuis le XXème siècle et le développement du tourisme, elle est partout, dans les films, dans les tableaux, dans les posters de surfeurs du dimanche… La plage nous obsède, symbole de calme-luxe-nudité. Nos corps y sont pourtant scrutés, plus vulnérables que jamais… Comment la plage est-elle venue se nicher au cœur de nos craintes narcissiques ?

Articles

Le Summer Body : origine de cette dictature estivale

Une brève histoire de la tyrannie du summer body

Ces ressources pourraient vous intéresser