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CLIO ESTATE (Publicité. 2008)

Masculinités, Parentalité
École, Collège

Éléments d'analyses, questions et éléments de réponses
(à adapter ou à sélectionner selon la classe).
 

Quelle est la situation ? Commenter.

Un enfant est attendu.

La femme se prépare à la naissance, elle se prépare à être mère.

L'homme se prépare à acheter une voiture ; on peut imaginer qu'il souhaite en acheter une nouvelle à cause du bébé.

Le bébé ne semble pas celui du couple, mais celui de la femme.

Notez que souvent, les élèves disent : « La femme va avoir un bébé, l’homme va avoir une voiture ».

Un bonheur n'arrive jamais seul”, expliquer et commenter.

Le bonheur d'avoir un bébé s'accompagne du bonheur d'avoir une nouvelle voiture ; ou le bonheur d'avoir une nouvelle voiture s'accompagne du bonheur d'avoir un bébé ?

Les deux bonheurs sont mis au même niveau, aucun ne l'emporte sur l'autre, mais chaque membre du couple a le sien.

"Leurs bonheurs ne se rencontrent pas, ils ne seront pas heureux ensemble" (remarque d'un élève de CM2).

D'après le texte en bas, quels plaisirs attendre de la parentalité ?

Avoir un enfant occasionne de nombreuses contraintes, de la fatigue et de la répétitivité : changer des couches, préparer des biberons, mal dormir...
Avoir une nouvelle voiture grâce à l'arrivée d'un enfant occasionne du plaisir et de la satisfaction : on sort de chez soi, on roule, on se balade, on profite...
 

Est-ce vraiment génial d'avoir un enfant ?

C’est surtout génial d’avoir une nouvelle voiture. Un bébé donne finalement beaucoup de travail !

D'après ce que vous venez d'observer :

  • Qui va s'occuper du bébé ?
  • Le père semble-t-il concerné par cette naissance ? Pourquoi ?
  • Quels stéréotypes sur les femmes ? Les hommes ?

Le bébé semble être destiné à la mère, le père ne semble pas concerné ; on peut toutefois penser qu'il se sent responsable de sa famille et souhaite choisir le meilleur véhicule, le plus sûr, le plus confortable, respectueux de l'environnement, avec un coffre qui permet d'accueillir toutes les affaires du bébé.

La femme est d'abord une mère ; le père profite de l’occasion (la naissance) pour se faire plaisir, il est comme un enfant qui commande un jouet sur un catalogue, il est immature, on a l'impression que pour lui la nouvelle voiture est plus importante que le bébé.

La femme trouve sa place à l'intérieur, à la maison, l'homme trouve la sienne à l'extérieur.

Cette répartition genrée de l'espace, permet de valider une répartition inégalitaire des rôles et des tâches : les femmes à la maison, responsables des tâches ménagères et des enfants, les hommes dehors pour le travail, les loisirs, le lien social. Cette répartition est culturelle et non naturelle.

Qu'imaginer, à partir des mêmes éléments, pour donner une vision moins caricaturale des personnages ?

On pourrait imaginer que, sur la photo, on voie que la femme est enceinte (son ventre bombé sous le drap par exemple). Les personnages pourraient être ensemble dans le lit, enlacés, regardant ensemble un magazine sur les voitures ; on comprendrait que le couple va avoir un bébé, que c'est un projet commun et qu'ils ont envie tous les deux d'acheter une nouvelle voiture.


Conclusion
 

Cette publicité permet d’interroger les stéréotypes sur les rôles parentaux et la répartition des compétences. Il est important de laisser les élèves la commenter librement pour ensuite remettre en question les a priori.

Même si elle est volontairement caricaturale, elle renforce des croyances limitantes pour les deux sexes : le bébé reste de la responsabilité de la mère tandis que le père est peu concerné par sa paternité.

On retrouve cette différence dans le temps consacré aux soins des enfants :
45 minutes par jour pour les mères, 19 minutes pour les pères (et 4h01 de tâches domestiques par jour pour les femmes contre 2h13 pour les hommes)
http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr/hommes-femmes-qui-fait-quoi-a-la-maison/

Comme le relèvent Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent dans leur ouvrage Contre les publicités sexistes (Editions L'échappée) :

"La publicité rappelle que la société attend des femmes qu’elles se chargent "naturellement" de ce que l’on appelle "l’élevage des enfants", qui consiste à les nourrir, les soigner, assurer l’entretien de leurs affaires, etc. Elle ne montre quasiment pas de pères qui prennent soin des jeunes enfants.[...] La publicité renforce donc les préjugés sexistes qui veulent que ce soit la mère, et uniquement elle, qui ait la charge et la responsabilité du soin des enfants (en bas âge ou plus grands). Elle glorifie l’instinct maternel, dont on sait à quel point il est construit socialement, et présente la relation entre la mère et l’enfant comme une relation dont les hommes sont exclus. Indirectement, elle encourage les pères à se décharger de cette fonction parentale sur les mères, en toute bonne conscience, puisque ce serait une histoire de "nature"."

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