MIXITÉ DES MÉTIERS
Onglets principaux
Onglets secondaires
Introduction
Travailler sur les stéréotypes filles-garçons dès le plus âge, au travers des métiers, des jouets, des héroïnes /héros de dessins animés, de films, de livres, etc. peut permettre d'ouvrir des possibilités de s'accomplir pour les filles comme pour les garçons que ce soit dans le choix d'une pratique sportive, d'une activité artistique et bien évidemment lors de l'orientation puis des choix professionnels. Il est bon de rappeler que tous les métiers sont mixtes, accessibles selon les capacités, les compétences, les études entreprises *. La fausse classification "métier de femme ou d'homme", souvent dépréciative pour celles et ceux qui ne la respectent pas est aussi une autre façon de continuer à ranger les femmes et des hommes dans des catégories qui ne se mélangent pas et de perpétuer l'idée qu'il y a des données et des qualités naturelles (innées, non discutables) liées au sexe biologique : un ordre où la majorité des pouvoirs, des postes à responsabilité comme à forte reconnaissance sociale sont aux mains des mêmes personnes, majoritairement des hommes.
Cette fiche sera suivie d'autres, notamment sur les inégalités professionnelles et économiques, nous nous concentrons ici sur les stéréotypes liés aux métiers et aux campagnes de promotion de la mixité qui se sont pas toujours exemptes de ces mêmes stéréotypes et clichés.
* et d'autres variables comme l'origine sociale .
Métiers d'hommes ? De femmes ?
" On compte plus d’hommes dans les métiers d’ingénieurs, de techniciens, de magasiniers, de caristes, mais aussi dans les métiers liés à la défense et la sécurité. Les femmes sont largement majoritaires dans les emplois de secrétaire, d’aides à domicile, et plus globalement dans les métiers du social, de la santé et de l’enseignement.
Parmi les métiers qui se conjuguent surtout au féminin, citons les infirmières, assistantes maternelles, coiffeuses, esthéticiennes, couturières, caissières, femmes de ménage, aides-soignantes, puéricultrices, sages-femmes, bibliothécaires, … (source)
Des chiffres
Selon l'INSEE, " Les femmes travaillent très majoritairement dans le secteur tertiaire : 88,1 % en 2020, contre 65,7 % pour les hommes. Le secteur tertiaire emploie ainsi 55,9 % de femmes. Au sein du tertiaire, certains secteurs sont très féminisés : l’hébergement médico-social et l’action sociale (82,7 % de femmes en 2020), la santé (74,7 %), l’enseignement (68,5 %) ou encore les services aux ménages (65,5 %). Les autres secteurs d’activité se caractérisent par une plus forte présence masculine : en 2020, 70,3 % des personnes travaillant dans l’agriculture sont des hommes (*) ; cette part est de 71,5 % pour l’industrie et de 88,9 % pour la construction."
Définition du secteur tertiaire (INSEE) :
" Le secteur tertiaire recouvre un vaste champ d'activités qui s'étend du commerce à l'administration, en passant par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et services aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale.
Il est composé du :
- tertiaire principalement marchand (commerce, transports, activités financières, services rendus aux entreprises, services rendus aux particuliers, hébergement-restauration, immobilier, information-communication) ;
- tertiaire principalement non-marchand (administration publique, enseignement, santé humaine, action sociale).
Le périmètre du secteur tertiaire est de fait défini par complémentarité avec les activités agricoles et industrielles (secteurs primaire et secondaire).
(*) Sur le monde agricole, lire :
Des agricultrices passionnées mais victimes d’inégalités
Age, retraite statut… Toutes les infos sur les femmes en agriculture
Sans oublier les agricultrices sans statut, soit environ 132 200 en 2019 (Source)
Des progrès...
"Sur les 88 grands types de métiers que répertorie le ministère du Travail, on comptait 16 métiers mixtes en 1982-1984. Il y en a seulement cinq de plus, 35 ans plus tard. Les femmes ont fait leur entrée dans neuf métiers masculinisés. Elles constituent aujourd’hui la moitié des effectifs parmi les médecins, les formateurs, les professionnels du droit, les cadres administratifs et les cadres de la fonction publique. Les dix métiers qui ont connu la plus forte féminisation sont des emplois de cadres ou de techniciens qualifiés." (Source)
Quels stéréotypes ?
Toujours les mêmes ! Même si les machines accomplissent le travail autrefois dévolu aux humains, les travaux "de force" ou les travaux "physiques" seraient réservés aux hommes "naturellement" plus forts. La pénibilité n'est pas sexuée mais liée au métier exercé. Ainsi, un.e aide-soignant.e quand il/elle déplace un corps est soumis.e à un travail physique conséquent pourtant les femmes sont plus nombreuses dans cette profession.
Il y aurait donc une "aptitude naturelle" masculine à la force physique, à l'esprit scientifique, à la technologie, l'ingéniérie , au commandemant, à la protection (défense) ;
Les femmes seraient, elles, "naturellement" douées pour le service, le soin, l'aide à la personne, la beauté, l'enseignement; elles sont aussi plus souvent, secrétaires, assistantes... On le voit une prédisposition à s'occuper de l'autre et à occuper des emplois subalternes qui interroge ; au bénéfice de qui ces idées reçues se perpétuent-t-elles ?
Heureusement, de nouveaux modèles de réussite, de performance, de choix, d'expériences se font jour, parfois valorisés par les réseaux sociaux, par le cinéma, la littérature, etc. qui peuvent susciter envie et affirmation et qui remettent en question des normes genrées bien trop limitatives.
Des conséquences en termes d'inégalités pour les femmes
Des emplois moins bien rémunérés, un recours plus important au temps partiel (*) qui impacte le niveau de revenus et parfois l'organisation du temps de travail (avec des "trous" au cours de la journée), une moindre chance d'être promue, des difficultés économiques pour accéder à un logement par exemple et/ou en cas de séparation. Les montants d'indemnités de chômage, de retraite sont aussi minorés en raison notamment des emplois à temps partiel et des salaires plus faibles pour les femmes à équivalence d'emploi et de diplôme avec les hommes.
(*) 4,9 millions de personnes travaillent à temps partiel en 2022 dont 3,7 millions de femmes (75,1 %) (Source)
Les charges domestiques et éducatives étant majoritairement du ressort des femmes, jouent bien sûr leurs rôles de freins à l'égalité mais aussi de frein inconscient quand une fille choisit son orientation professionnelle : pression familiale et/ou son envie personnelle d'avoir des enfants et peur de ne pas pouvoir "tout" faire.
Les hommes qui font un métier de "femme"...
Au moment de l'orientation, il n'est pas toujours facile pour un garçon d'assumer un choix qui l'entraîne vers des classes composées essentiellement de filles, mais surtout de supporter le jugement de ses pairs, voire de sa famille : disqualification (rappelons que beaucoup de ces métiers sont dévalorisés) et remise en question de son orientation sexuelle peuvent surgir. Un garçon qui ne respecte pas les codes de la virilité n'est pas un "vrai" garçon, de nombreux cas de harcèlement le prouvent malheureusement régulièrement.
Dans Se distinguer des femmes, la chercheuse en sociologie Alice Olivier s'est intéressée aux trajectoires de jeunes hommes passés par des études de sage-femme et d'assistant de service soicial - quasi exclusivement féminines- et au traitement de faveur qui leur est accordé.
En effet, au travers de ses recherches et de ses enquêtes, elle a constaté qu'être homme dans un univers professionnel à dominante féminine pouvait avoir de nombreux avantages :
"... les équipes professionnelles voient souvent d’un bon œil l’entrée d’hommes dans les formations. Elles considèrent qu’ils apportent, comme de façon innée, du sang-froid, de la force physique, de l’humour, qu’ils ont des sujets de conversation intéressants, qu’ils sont plus techniques, plus rationnels et scientifiques. Et les hommes se mettent eux aussi souvent en avant sur ces dimensions.
Ces projections contribuent à les valoriser en stage. D’ailleurs, comme ils sont très peu nombreux, on les y repère vite. Dans des services surchargés comme le sont ceux de sages-femmes, le fait d’être très visible donne plus de place pour montrer ses compétences et pour apprendre. Souvent, on leur pardonne aussi plus facilement leurs erreurs. On considère que les hommes sont « moins scolaires » mais qu’ils ont des qualités de finesse, par exemple, et il y a une forme de bienveillance à leur égard. Cela aide à leur donner confiance en eux." (entretien dans le journal Le Monde)
Par ailleurs, ils montent plus vite dans la hiérarchie et prennent plus rapidement des responsabilités, et ce, dès la période de formation renforçant ainsi l'idée qu'ils sont naturellement doués de leadership ; ils trouvent plus facilement du travail, connaissent moins le temps partiel ou le chômage. Un étudiant interrogé par Alice Olivier" parle d’un « syndrome du chromosome Y » pour désigner les avantages dont il bénéficie en tant qu’homme dans un métier « féminin ». (source).
On peut parler d"escalator de verre", terme inventé par la sociologue américaine Christine.L.Williams pour désigner, à l'inverse du plafond de verre, les avantages dont bénéficient les hommes quand ils exercent des professions traditionnellement féminines qui peuvent leur permettre d'accéder plus rapidement et plus facilement à des postes à responsabilité.
Il faudrait vérifier si cet escalator fonctionne pour tous les hommes y compris les hommes racisés et/ou trans par exemple.
Lire aussi
« Les hommes sages-femmes sont surreprésentés dans les postes valorisés »
Les femmes qui font un métier d"homme"...
Pas simple non plus de se retrouver dans des classes/des univers professionnels à majorité masculine : l'entourage peut remettre en question la féminité et/ou l'orientation de genre des jeunes filles , elles subissent facilement sexisme, harcèlement, ont besoin de prouver davantage qu'elles sont capables, de s'affirmer, de faire leur place...
Pour certaines, il faudra afficher des signes de féminité reconnus (maquillage, coiffure, vêtements,...) pour rassurer sur le fait qu'elles sont bien de "vraies" filles ; d'autres seront dénigrées pour leur manque de féminité, leur physique "non désirable", leur côté "garçon manqué". Pourtant, on leur reconnaitra certaines qualités dans l'exercice de leur profession, des qualités typiquement féminines alors considérées comme un plus :
" Ainsi, un consensus traverse la plupart des discours, celui de qualités spécifiquement féminines dont auraient besoin l’entreprise en général et les métiers techniques en particulier : la qualité d’écoute, l’art de la communication et du savoir « faire passer les choses » (souvent par la « douceur »), etc. Ainsi, dans la plupart des entreprises, à tous les échelons de la hiérarchie, les compétences féminines riment souvent avec les « dons » dont elles seraient pourvues parce que femmes (et non parce que techniciennes, ingénieures ou ayant suivi telle ou telle formation, etc.)"(Source)
Inégalités encore...
Une étude de 2018, montre qu' " une femme qui postule à un emploi considéré comme typiquement masculin, comme mécanicien automobile, a 22 % de chances en moins qu’un homme, à compétences et qualifications égales, de se voir proposer un entretien d’embauche, selon un « testing » rendu public lundi 5 novembre. L’inégalité de traitement atteint même 35 % pour un poste de chauffeur-livreur.
« Quand vous êtes une femme et que vous savez que quand vous postulez vous avez moins de probabilités d’avoir des réponses que quand vous êtes un homme, ça va vous inviter à une forme d’autocensure », a-t-elle poursuivi, citant l’exemple de « jeunes femmes diplômées de grandes écoles qui ont des prétentions salariales moindres » que leurs camarades masculins, « parce qu’elles ont intégré cette forme d’autocensure ». (Source)
Dans un article passionnant intitulé " Femmes paysannes et machines agricoles : combattre la domination masculine " paru dans le journal "L'empaillé", le rapport des femmes agricultrices aux machines est analysé : ce sont souvent les hommes qui les conduisent alors que les femmes accomplissent un travail moins visible ; mais le travail de transmission autour de ce savoir-faire n'a pas été effectué ! Se maintient donc une division genrée des tâches au sein des fermes et des exploitations qui consolide ainsi des stéréotypes de genre qui pourtant ne reposent sur rien.
Ainsi les femmes agricultrices intérrogées expliquent que durant leurs études elles ont beaucoup moins accès aux machines que les élèves garçons :
" Ces mécanismes d’assignation genrés se jouent en particulier dans la formation à la conduite et à l’entretien du matériel agricole, comme le raconte Anaïs, trente-deux ans, éleveuse de chèvres dans le Sud de l’Aveyron : « Je n’ai pas été formée à la conduite des machines dans mon BTS agricole. C’est en stage sur les exploitations que j’ai pu conduire des tracteurs. Sauf que… je suis une femme. On m’a beaucoup moins laissée conduire qu’on laisse conduire un stagiaire garçon. Heureusement qu’il y a certains agriculteurs dans des stages qui m’ont appris. Mais je vois bien qu’aujourd’hui je suis moins autonome avec plein de machines que des mecs qui ont commencé en même temps que moi, parce qu’on les a laissés expérimenter. Alors que moi, deux fermes sur trois, on ne m’a pas laissée toucher un tracteur. ..
... Cette essentialisation des rôles genrés perdure au quotidien. Alors qu’elle travaillait comme ouvrière agricole, Anaïs raconte cette fois où elle est arrivée sur une ferme pour presser la paille. L’agriculteur ne lui a tout simplement pas laissé faire le travail. Elle se souvient encore de ses paroles : « Moi j’ai demandé un agent de remplacement qui vienne me presser la paille, et ils m’envoient une fille !? Je ne vais pas laisser un tracteur à 100 000€ entre les mains de quelqu’un comme toi ! »
Les conditions de travail différentes
À lire :
Métiers « de femmes », métiers « d’hommes » : en quoi les conditions de travail des femmes et des hommes diffèrent-elles ? INSEE, 2022
Présentation :
" Les femmes et les hommes salariés ne sont pas confrontés aux mêmes conditions de travail. Leurs expositions aux risques professionnels diffèrent selon que les métiers sont mixtes, féminisés ou masculinisés, ainsi qu’au sein des métiers eux-mêmes.
Les hommes sont plus exposés aux sollicitations physiques. Ils sont davantage présents dans les métiers les plus soumis à la pénibilité physique, et ils y sont aussi plus confrontés que les femmes exerçant ce type de métier. Les femmes sont plus exposées aux risques psychosociaux. Elles exercent plus souvent des métiers de service, exposant à des contraintes d’organisation du temps de travail, à des exigences émotionnelles ou encore à une faible latitude décisionnelle. En outre, dans les métiers mixtes, dans les métiers féminisés de service et les métiers masculinisés ouvriers, où les risques professionnels sont les plus élevés, les femmes sont davantage confrontées que les hommes à tous les risques (travail intense, conflits de valeur, instabilité du poste, manque d’autonomie et de reconnaissance, etc.) à l’exception de la pénibilité physique. Ces différences d’expositions amènent à s’interroger sur le rôle des normes de genre dans les risques que les femmes et les hommes encourent dans leur travail, y compris dans leur appréhension."
Accidents du travail
Les ouvrier.es sont sept fois plus souvent victimes que les cadres d’accidents du travail qui entrainent un handicap permanent (majoritairement des ouvriers) et ont un risque cinq fois plus grand de mourir au travail. Les hommes représentent 90 % des décès (source) mais le nombre de femmes impliquées dans des accidents du travail a bondi de 41,6 % entre 2001 et 2019 (source).
Les campagnes de promotion pour la mixité des métiers
Voir l'ANNOTATION
- Questions sur la première vidéo :
Quel est l'objet de cette vidéo ?
D'après-vous l'objectif est-il atteint ? Pourquoi ?
Commenter et analyser les propos de la femme puis de son collègue ;
Y décelez-vous des stéréotypes de genre ? Lesquels ?
- Questions sur la deuxième vidéo
Cette campagne de 2014 pour promouvoir la mixité des métiers vous semble-t-elle réussie ? Justifier.
Quels sont les métiers choisis pour illustrer la mixité ?
Reprennez chaque personne et analyser la façon dont elles ils sont montré.es , ce que l'on voit de leur travail, leur environnement de travail, les compétences manifestées : qu'en pensez-vous ? Stéréotypes ou pas ? Si oui, lesquels ?
En choisissant les mêmes métiers, comment pourriez-vous mettre en scène cette campagne pour qu'elle promeuve réellement la mixité et l'égalité ?
Que pensez-vous des personnes retenues pour incarner ces différents métiers et notamment du peu de diversité proposée ?
Chercher sur internet des témoignages qui montrent vraiment des personnes au travail pour chacun des métiers ;
Voix off de la campagne
Dans tous les métiers, il y a toujours eu des femmes et des hommes qui ont eu assez de courage, d'envie, de don ou de foi pour casser les conventions, supporter les moqueries, les injustices et triompher des préjugés. Ils ont ouvert des voies, des possibilités, créé des vocations , encourageons-les.
Mixité des métiers, au travail c'est le talent qui compte.
- Questions générales
Pourquoi être femme ou homme serait un atout pour telle ou telle profession ?
Quelles potentielles conséquences à la sexuation des domaines compétences ?
Pistes
Grâce à internet, nous avons accès à de très nombreuses ressources : s'appuyer, que ce soit en littérature, en histoire, en SVT, en technologie, en mathématiques, etc. sur des témoignages, des exemples valorisants, trouver des modèles, des sources d'inspiration et de motivation sont des moyens efficaces pour lutter contre les stéréotypes qui conditionnent orientation et choix professionnels.